Dans la capitale du nord du Nigeria, Kano, une situation délicate secoue la scène politique et traditionnelle. Dimanche dernier, l’ancien émir Lamido Sanusi a fait un retour remarqué sur le trône, quatre ans après en avoir été évincé par le gouverneur précédent. Cette réintégration intervient après des amendements de la loi initiés par le gouverneur actuel, Abba Kabir Yusuf, visant à annuler les mesures prises par son prédécesseur qui avait conduit à la destitution de Sanusi en 2020.
La controverse entourant ce retour est alimentée par les positions critiques de Lamido Sanusi. Connu pour ses prises de position courageuses, il avait précédemment été évincé de son poste de gouverneur de la Banque centrale du Nigeria pour avoir dénoncé des malversations financières. Son récent retour en grâce est largement attribué à son ancien protecteur politique, Rabiu Kwankwaso, qui l’avait nommé émir pendant son mandat de gouverneur.
Cependant, cette réintégration ne se déroule pas sans heurts. Une autre figure, Aminu Ado Bayero, revendique également le trône de l’émirat de Kano, exacerbant ainsi les tensions. La décision des tribunaux nigérians est attendue pour trancher cette dispute, mais jusqu’à présent, elle a seulement ajouté à la confusion.
La haute cour fédérale de Kano a émis une décision provisoire en faveur de Bayero, tandis qu’une cour de justice de l’État de Kano a pris une position opposée, soutenant Sanusi. Cette situation complexe met en lumière les luttes de pouvoir entre les différentes factions politiques et traditionnelles au Nigeria, ainsi que les enjeux entourant le rôle des émirs dans la société moderne. Les élites voient en Sanusi un potentiel de modernisation de la fonction d’émir, tandis qu’une partie de la population préférerait conserver un émirat plus traditionnel et austère.
En attendant que la situation soit clarifiée par les autorités judiciaires, l’incertitude règne à Kano, soulignant les défis persistants auxquels est confronté le pays en matière de gouvernance et de stabilité politique.