Le Togo se dirige vers un tournant politique avec la tenue des premières élections sénatoriales prévues le 2 février prochain. Cependant, plusieurs partis d’opposition affichent leur intention de boycotter ce scrutin, le qualifiant de « mascarade électorale ». La situation crée des tensions au sein du paysage politique togolais, où la légitimité de ces élections est remise en question.
Les principales formations d’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC) dirigée par Jean-Pierre Fabre, les Forces démocratiques pour la République (FDR) de Paul Dodji Apevon et la Dynamique pour une majorité du peuple (DMP) de Brigitte Adjamagbo-Johnson, ont toutes annoncé qu’elles ne présenteraient pas de candidats. Elles dénoncent des fraudes lors des dernières élections législatives d’avril 2023, qui auraient permis au parti présidentiel UNIR d’obtenir la quasi-totalité des sièges à l’Assemblée, rendant ainsi la composition du corps électoral largement favorable au pouvoir.
Ces partis d’opposition ne se contentent pas de dénoncer des irrégularités lors des législatives ; ils voient également la création du Sénat comme une extension d’un « coup d’État constitutionnel ». Ils font référence à l’adoption d’une nouvelle Constitution qui a changé le régime politique du pays. Le front Touche pas à ma Constitution, qui s’oppose fermement à cette réforme, parle d’une « marche forcée vers la 5e République », soulignant que la date des sénatoriales coïncide avec le 20e anniversaire de l’accession de Faure Gnassingbé à la présidence.
En réponse à ces accusations, un représentant du parti UNIR défend la légitimité des nouvelles institutions, soulignant que les modalités de composition du Sénat n’ont pas été modifiées par rapport à la Constitution précédente. Selon lui, c’est l’opposition qui refuse d’accepter les réformes déjà en vigueur, ce qui nourrit le climat de méfiance.
Le quatrième parti d’opposition à l’Assemblée, l’Alliance des Démocrates pour le développement intégral (ADDI) d’Aimé Gogué, reste quant à lui dans l’incertitude. Le parti s’engage dans des consultations internes pour évaluer la situation, en tenant compte de la composition du corps électoral. Le Sénat togolais comptera 61 membres, avec 41 élus par suffrage indirect et 20 nommés par le président.
Alors que les partis d’opposition se divisent sur le sujet, la question des prochaines sénatoriales reste au centre des préoccupations politiques togolaises. La décision de boycotter ou non ce scrutin pourrait bien influencer non seulement le paysage politique immédiat, mais aussi les dynamiques futures dans un pays marqué par des tensions politiques et des contestations.