Le procès de Nicolas Sarkozy s’intensifie alors que les enquêteurs explorent des soupçons de financement libyen liés à sa campagne présidentielle de 2007. Les audiences se concentrent actuellement sur des voyages effectués en Libye à l’automne 2005 par l’ancien président, alors ministre de l’Intérieur, accompagné de son directeur de cabinet, Claude Guéant, et de Brice Hortefeux, ministre délégué aux Collectivités locales.
Ce procès fait partie d’une enquête plus vaste sur un présumé « pacte de corruption » établi entre Sarkozy et Mouammar Kadhafi alors que la France cherchait à renforcer ses liens avec la Libye. Au cœur des interrogations se trouvent des échanges ayant eu lieu lors d’une visite clés, considérée par les officiels libyens comme préfigurant l’éventuelle élection de Sarkozy comme président.
Mercredi, le tribunal a entendu deux témoins ayant occupé des fonctions diplomatiques à Tripoli durant cette période : un ancien ambassadeur et un ex-commissaire. Jean-Luc Sibiube, l’ex-ambassadeur, a déclaré qu’il n’avait « aucun souvenir » d’une visite de Claude Guéant en Libye, bien qu’elle ait été conçue pour préparer la venue de Sarkozy. Les témoins ont noté que lors de la visite, un moment privilégié aurait eu lieu entre Sarkozy et Kadhafi sous une tente, ce qui a été qualifié d’« entretien personnel » avec des interprètes. Cependant, la traductrice a refusé de fournir des détails à l’ambassadeur, invoquant le secret professionnel.
L’accusation soutient que c’est durant cette rencontre que le pacte de corruption aurait été échangé. Parmi les éléments susceptibles d’être discutés, le sort d’Abdallah Senoussi, ancien chef des services de renseignement libyens, condamné à la réclusion à perpétuité en France, a été mentionné. À ce propos, Guéant et Hortefeux ont admis l’avoir rencontré pendant leur séjour en Libye, arguant qu’ils avaient été « piégés ».
Les interrogations des juges n’ont pas manqué d’accompagner leurs déclarations. « Un ministre peut difficilement ignorer qui était [Abdallah] Senoussi, non ? » a questionné un assesseur, accompagné d’un sourire en coin de l’ambassadeur, qui a noté que l’intérêt des Libyens pour les collectivités locales le domaine de responsabilité de Brice Hortefeux était « plutôt limité », rendant leur visite encore plus surprenante.