Le retour tant redouté de Donald Trump à la Maison Blanche a suscité de vives inquiétudes et des débats passionnés parmi les eurodéputés lors de la dernière session plénière du Parlement européen à Strasbourg. Les élus ont exprimé leurs préoccupations quant aux implications de la politique « America First » prônée par le président américain, ainsi qu’à la montée en puissance des géants du numérique.
Dans une atmosphère déjà chargée, les eurodéputés ont débattu des menaces que représente la nouvelle administration américaine pour l’Europe. Valérie Hayer, présidente du groupe centriste Renew Europe, a critique vivement l’absence de mention d’Europe dans le discours inaugural de Trump, soulignant un net repli nationaliste et en affirmant que les décisions du président américain font basculer l’équilibre des forces mondiales.
La députée écologiste Madjouline Sbaï a fait part de son inquiétude face aux premiers décrets de Trump, les qualifiant de signes préoccupants de tendances autoritaires, comparant cette situation aux analyses d’Hannah Arendt sur les origines du totalitarisme.
Les eurodéputés s’interrogent également sur la possibilité d’une collaboration future avec les États-Unis, après qu’Ursula von der Leyen ait exprimé son souhait d’une « collaboration étroite » face à des défis mondiaux. Cependant, cette position versatile est remise en question au sein du Parlement. Marc Botenga, député belge, critique vivement cette dépendance énergétique et militaire vis-à-vis des États-Unis, utilisant l’expression « complexe de Stockholm » pour désigner cette soumission.
Le climat des débats a été exacerbé par la crainte de l’influence croissante d’Elon Musk et de Mark Zuckerberg sur la société européenne. De nombreux eurodéputés, notamment ceux de gauche et du centre, ont proposé que l’Europe prenne des mesures fermes contre ces acteurs jugés envahissants dans le domaine numérique. « L’Europe n’est pas le Far West », s’insurgent-ils, réclamant une vigilance accrue et une régulation stricte de ces puissances technologiques.
Le Digital Services Act (DSA), loi européenne sur les services numériques, a également été placé sous le feu des critiques, avec des appels à une application stricte de sa régulation, en dépit des positions divergentes au sein du Parlement. Tandis que certains, comme Fabienne Keller de Renaissance, plaident pour une action rapide contre les discours de haine et les contenus dangereux, d’autres, comme Virginie Joron, représentent une vision plus libertaire de l’Internet, critiquant ce qu’ils perçoivent comme une censure déguisée.
La position actuelle de l’Union européenne face à cette nouvelle ère de turbulence géopolitique et de transformations numériques demeure précaire. Les eurodéputés s’accordent à dire qu’une réponse forte et unie est essentielle pour défendre les intérêts européens dans un paysage mondial incertain.
Comme l’a souligné l’eurodéputé vert David Cormand, « L’arrivée au pouvoir de Trump symbolise une escalade de l’impérialisme américain contre l’Union européenne, » une assertion qui trouve un écho préoccupant chez de nombreux parlementaires.
Cet appel à l’unité pourrait bien définir les contours de la politique extérieure de l’Europe dans les mois à venir, alors que les défis mondiaux persistent et que la nécessité de collaboration se heurte à une ligne politique de plus en plus clivante. En regardant vers l’avenir, l’heure pourrait être à la réflexion pour définir une identité européenne forte et résiliente face à l’inattendu que représente la présidence de Trump.