La République Démocratique du Congo (RDC) est secouée par une nouvelle vague de tensions politiques après que l’état-major du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), dirigé par l’ex-président Joseph Kabila, ait été convoqué devant la justice militaire. Parmi les figures de proue du PPRD appelées à comparaître figurent le vice-président du parti, Aubin Minaku, le secrétaire permanent, Ramazani Shadary, son adjoint Ferdinand Kambere, ainsi qu’une douzaine d’autres hauts responsables du mouvement. L’audience, prévue ce matin au parquet militaire supérieur de Kinshasa-Gombe, suscite une vive réaction du parti, qui dénonce cette convocation.

Aucune raison officielle n’a été précisée dans les convocations adressées aux responsables du PPRD. Cependant, l’objectif annoncé est d’informer la justice sur des accusations liées à de présumées collaborations avec des groupes rebelles, notamment le M23. Ce dernier, un mouvement armé actif dans l’est de la RDC, a récemment pris le contrôle des villes stratégiques de Goma et Bukavu, en janvier et février derniers, exacerbant ainsi la crise dans la région.

Pour le PPRD, ces convocations constituent une démonstration manifeste de ce qu’il qualifie de « dictature ». François Nzekuye, un cadre du parti, a exprimé sa surprise et son incompréhension face à ces démarches. Selon lui, aucune preuve n’a été apportée pour justifier les accusations portées contre leur formation. « Nous sommes des républicains, nous respectons les institutions de la République. Les Congolais savent que le PPRD est le principal parti d’opposition », a-t-il déclaré avant la rencontre avec la justice.

Le PPRD n’hésite pas à accuser le pouvoir en place, sous la direction du président Félix Tshisekedi, de chercher des boucs émissaires pour détourner l’attention de l’opinion publique des échecs de son gouvernement. Selon les dirigeants du PPRD, le régime actuel tente de jeter le discrédit sur leur parti en l’associant à des mouvements insurrectionnels, alors que, selon eux, le gouvernement en place connaît bien mieux ces groupes. Ils déplorent également la gestion de l’armée congolaise et des finances publiques, des domaines où, selon eux, les progrès réalisés sous Kabila sont désormais « des rêves chimériques » face à un pouvoir incapable de gérer la population.

Cette convocation intervient dans un contexte politique particulièrement tendu en RDC. Les relations entre le PPRD, qui a dirigé le pays pendant près de 18 ans sous la présidence de Joseph Kabila, et l’actuel régime de Félix Tshisekedi sont marquées par des affrontements de pouvoir. Alors que la situation dans l’est du pays continue de se détériorer avec la montée en puissance du M23 et d’autres groupes rebelles, la RDC traverse une période de fragilité institutionnelle et de crise sécuritaire.

Le PPRD, qui a fait de la résistance politique une de ses principales stratégies depuis la fin du mandat de Kabila, utilise cet incident pour souligner ce qu’il considère comme une dérive autoritaire du gouvernement actuel. Le parti clame haut et fort qu’il n’a aucune relation avec les rebelles et insiste sur le respect des institutions démocratiques dans un pays où l’équilibre du pouvoir reste toujours instable.

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