Amnesty International publie ce mardi un rapport accablant sur la situation des droits humains au Niger depuis le coup d’État du 26 juillet 2023. L’organisation internationale déplore une détérioration marquée de l’espace civique et une violation flagrante des engagements pris par les nouvelles autorités militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Le rapport met en évidence une série de violations graves des droits fondamentaux. La détention arbitraire et les décisions de justice non respectées sont au cœur des préoccupations d’Amnesty. Le président Mohamed Bazoum et de nombreux membres de son gouvernement restent emprisonnés, malgré des décisions de remise en liberté prononcées mais non appliquées pour certains. L’organisation cite notamment le cas de plusieurs ministres détenus pour des motifs jugés politiques. L’épouse du président est également détenue à la résidence présidentielle.
La liberté d’expression est également sévèrement mise à mal. La suspension de médias internationaux, la fermeture de la maison de la presse à Niamey et l’autocensure généralisée témoignent d’une répression croissante de la parole libre. La société civile est également ciblée. Le secrétaire général d’Alternative Espaces Citoyens, Moussa Tchangari, est détenu depuis décembre pour des raisons jugées par Amnesty comme liées à l’atteinte à la défense nationale.
Le rapport souligne l’implication accrue des services de renseignement extérieurs (DGDSE) dans les arrestations et les interrogatoires. La création d’un fichier des personnes impliquées dans des actes de terrorisme ou des infractions présumées portant atteinte aux intérêts nationaux inquiète également. Cette liste, aux contours flous, a déjà conduit à la déchéance provisoire de nationalité d’une vingtaine de personnes.