Une centaine de partis politiques maliens, dont les principales formations du pays, se sont réunis mardi 15 avril pour exprimer leur inquiétude quant à l’avenir de leur existence. L’Initiative des partis politiques pour la charte (Ipac) a organisé une conférence de presse pour dénoncer l’annonce du gouvernement de transition de consulter les « forces vives » du pays sur la relecture de la charte des partis politiques.
Selon les partis politiques, l’objectif réel de ces consultations serait leur pure et simple dissolution par le régime de transition. « Il se murmure, par des voix connues de tous, que le processus enclenché devrait avoir comme finalité de dissoudre ou à tout le moins de suspendre les activités des partis politiques », a déclaré Oumar Ibrahima Touré, ancien ministre et porte-parole des partis politiques.
Les partis politiques rappellent que la nouvelle Constitution adoptée en 2023 par les autorités de transition elles-mêmes garantit l’existence des partis politiques. L’article 39 de la Constitution stipule que « les partis politiques se forment et exercent librement leurs activités dans les conditions déterminées par la loi ».
Les partis politiques ont sollicité une « audience urgente » avec le Premier ministre de transition, le général Abdoulaye Maïga, et demandent le report des concertations annoncées. Ils souhaitent renforcer « la stabilité et la réussite de la transition, dans le cadre du respect de la loi et des principes républicains ».
Le « Dialogue inter-Maliens » de mai 2024 avait recommandé la prolongation de la transition et l’élévation des colonels putschistes au grade de général. Les Assises nationales de la refondation de 2021 avaient déjà abouti à des conclusions similaires, notamment le durcissement des conditions de création des partis politiques et la suppression de leur financement public. Ces précédents interrogent la classe politique sur la pertinence et l’objectif réel de la nouvelle consultation des forces vives voulue par les autorités de transition.
La dissolution ou la suspension des partis politiques aurait des conséquences graves pour la démocratie malienne. Les partis politiques jouent un rôle crucial dans la représentation des citoyens et la participation à la vie politique. Leur disparition pourrait entraîner une perte de légitimité pour le régime de transition et fragiliser la stabilité du pays.
Le gouvernement de transition doit maintenant répondre aux inquiétudes des partis politiques et garantir le respect de la Constitution et des principes républicains. La communauté internationale suit également de près la situation, et des voix se sont élevées pour défendre la démocratie et les droits de l’homme au Mali.