Le retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche en 2024 suscite des réactions contrastées à travers le continent africain. Son discours souverainiste et son approche transactionnelle des relations internationales attirent l’attention de certains dirigeants, malgré les ambiguïtés et les risques associés.

Trump ne cache pas son admiration pour les dirigeants autoritaires. En 2019, il qualifiait le général égyptien Abdel Fattah Al-Sissi de son « dictateur préféré », suscitant l’indignation des défenseurs des droits humains. Leurs préoccupations mettaient en lumière la répression en Égypte, mais le président américain semblait plus préoccupé par des alliances stratégiques que par les problèmes internes des pays concernés.

Cette posture lui permet de se présenter comme un défenseur du non-interventionnisme, une position qui plaît à plusieurs leaders africains. Selon Christopher Isike, chercheur à l’Université de Pretoria, certains dirigeants autoritaires sur le continent voient dans cette approche une opportunité d’établir des relations économiques sans avoir à se justifier sur la gouvernance ou les droits humains. « Ces leaders espèrent pouvoir renforcer leur coopération économique tout en évitant les critiques sur leur politique intérieure », souligne-t-il.

L’attrait du souverainisme de Trump peut aussi résonner dans la région du Sahel, où de plus en plus de dirigeants revendiquent leur droit à diversifier leurs partenariats militaires et économiques, en remettant en question les politiques paternalistes du passé.

Cependant, cette approche s’accompagne de risques. Trump a souvent affiché une tendance protectionniste, par exemple en menaçant les pays du groupe BRICS de fermetures de marchés américains s’ils tentaient de se libérer du dollar. « Nous exigeons que ces pays s’engagent à ne pas créer une nouvelle monnaie BRICS, sinon ils seront confrontés à des droits de douane de 100 % », a-t-il déclaré, instaurant un climat d’incertitude.

Sa précédente administration n’hésitait pas à brandir la menace de représailles contre des pays s’opposant à ses intérêts lors de sommets internationaux. Cette stratégie du « avec moi, ou contre moi » pourrait entraîner des conséquences néfastes pour les nations soutenant des concurrents tels que la Chine ou la Russie.

Trump a principalement abordé l’Afrique en tant qu’homme d’affaires, délaissant le multilatéralisme au profit d’accords bilatéraux pouvant servir ses intérêts stratégiques, que ce soit en matière de pétrole, de minerais ou dans la lutte contre la croissance exponentielle de l’influence chinoise sur le continent.

Son mandat précédent avait également vu des tentatives de coupes dans les budgets d’aide au développement, une tendance que le Congrès américain avait alors freiné. Néanmoins, sous un éventuel second mandat, cette approche pourrait être révisée à la hausse, fragilisant davantage le soutien aux initiatives de développement durable en Afrique.

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