En République démocratique du Congo (RDC), le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication a annoncé lundi la suspension de la chaîne de télévision qatarienne Al Jazeera pour une durée de 90 jours. Cette décision fait suite à la diffusion d’une interview jugée sensible, mettant en lumière les tensions persistantes dans l’est du pays, où le groupe armé M23 opère.

Le 10 janvier, les autorités congolaises ont également révoqué les accréditations des équipes de la chaîne, une action qui souligne le climat de méfiance croissant entre le gouvernement de Kinshasa et certains médias étrangers. Le ministre de la Communication a déclaré que la diffusion de l’interview de Bertrand Bisimwa, l’un des leaders du M23, était inacceptable. Cette interview, réalisée par la journaliste Bojana Coulibaly, a été qualifiée par les autorités congolaises de tentative de manipulation médiatique, la qualifiant de « militante à la solde du Rwanda ».

Le M23, considéré par le gouvernement congolais comme un groupe soutenu par le Rwanda, est au cœur des tensions dans la région, où des affrontements avec les forces armées congolaises ont entraîné des déplacements massifs de population et une détérioration de la situation humanitaire.

Cette suspension d’Al Jazeera soulève des inquiétudes quant à la liberté de la presse en RDC. Les journalistes et les observateurs des droits de l’homme craignent que des mesures similaires puissent être prises contre d’autres médias qui osent critiquer le gouvernement ou aborder des sujets sensibles liés à la violence et à l’instabilité régionale.

Le porte-parole d’Al Jazeera a exprimé des préoccupations au sujet de cette décision, affirmant que le média s’engage à respecter les principes du journalisme indépendant et à informer le public sur des sujets d’importance cruciale, même lorsque ces sujets peuvent être controversés.

Les autorités congolaises, quant à elles, justifient leur décision en arguant que les médias doivent agir avec responsabilité, surtout dans le contexte d’une crise politique et sécuritaire déjà très volatile. La RDC a connu une série de restrictions sur la liberté d’expression ces dernières années, avec une vigilance accrue des autorités sur les contenus jugés subversifs.

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