Le général Abdourahamane Tiani, à la tête du Niger depuis un coup d’État en août 2023, a consolidé son pouvoir ce mercredi avec la promulgation de la Charte de la Refondation. Ce document, présenté comme « Constitution intérimaire », fixe la transition politique pour au moins cinq ans, jusqu’en mars 2030, et donne une assise constitutionnelle au régime militaire.
Lors d’une cérémonie solennelle au centre de conférence Mahatma Gandhi de Niamey, le général Tiani a été promu général d’armée et investi président de la République. Cette investiture intervient vingt mois après le renversement du président Mohamed Bazoum, qu’il était censé protéger. Ce geste marque une volonté affirmée de maintenir le contrôle militaire sur le pays pour un horizon indéterminé, potentielement prolongé au-delà de 2030.
La charte, issue des Assises nationales tenues entre le 15 et le 20 février, se veut une « loi fondamentale » régissant les pouvoirs publics pendant la « période de la Refondation ». Elle étend la durée de la transition à 60 mois, soit cinq ans. Cette période peut être prolongée, selon le texte, en fonction de la situation sécuritaire, de l’avancée de la « Refondation » et de l’agenda de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Au-delà de l’extension de la transition, la Charte marque une rupture nette avec l’ordre démocratique précédant le coup d’État. Tous les partis politiques nigériens ont été dissous, consolidant ainsi la mainmise militaire sur le processus politique. La présence de l’ancien président Mahamadou Issoufou, et de représentants de l’AES, à la cérémonie, souligne l’acceptation (ou la soumission) de ces acteurs à la nouvelle donne.
La communauté internationale observe avec attention la situation. Les critiques envers la dérive autoritaire du régime ne manqueront pas d’émerger, surtout dans un contexte de dégradation sécuritaire régionale. La prise de pouvoir par le général Tiani suscite de fortes inquiétudes quant à l’avenir démocratique du Niger et à sa stabilité, non seulement au niveau national mais également dans le cadre de la région sahélienne.
