Alors que les habitants de Goma tentent de reprendre un semblant de normalité après une semaine de violences, la situation humanitaire fait état de pertes humaines catastrophiques. Les Nations Unies rapportent près de 3 000 morts à ce jour, une tragédie exacerbée par un incendie dévastateur survenu à la prison centrale de Munzenze.
Dans la nuit du 26 au 27 janvier, un incendie s’est déclaré alors que les détenus, confrontés à l’avancée des forces rebelles du M23, cherchaient désespérément à s’échapper. Selon des sources pénitentiaires, 182 personnes ont perdu la vie dans ce désastre, avec une majorité de victimes parmi les femmes détenues. Les circonstances entourant l’incendie sont alarmantes : des matelas enflammés et des cuves incendiées par les prisonniers créent une situation de panique totale dès les premières heures de la nuit.
« On entendait les balles dans la nuit, c’était impossible de rester… », témoigne un prisonnier, désormais en fuite. Dans la confusion générale, la cohue s’intensifie avec des détenus hommes qui parviennent à briser les murs de la prison, tandis que les femmes se retrouvent piégées dans les flammes.
Des efforts désespérés pour secourir les détenues ont permis de sauver seize femmes, bien que certaines aient été victimes d’agressions sexuelles pendant le chaos. « On voyait de la fumée, elles criaient… », se souvient un témoin.
L’administration pénitentiaire a rapporté que la majorité des victimes étaient des femmes, dont 141 sur 157 détenues ont péri dans l’incendie, en plus de 28 nourrissons présents avec ces femmes. Le bilan s’alourdit également avec douze hommes confirmés morts. Un état des lieux inquiétant révèle que les bâtiments administratifs de la prison ont été entièrement détruits, exacerbant ainsi la crise dans cette maison d’arrêt déjà surpeuplée.
La prison de Munzenze, conçue pour accueillir seulement 350 détenus, abrite actuellement près de 4 475 personnes, dont 90 % sont en attente de jugement. La situation est d’autant plus critique qu’une grande partie des détenus craint de tomber entre les mains de leurs ennemis, alors que la ville continue de vivre dans l’angoisse de nouvelles violences.