La crise sécuritaire en République Démocratique du Congo (RDC) prend un tournant alarmant avec l’occupation de Bukavu, la capitale de la province du Sud-Kivu, par le groupe armé M23 et des soldats rwandais. Alors que le gouvernement congolais confirme la prise de cette ville de près d’un million d’habitants, les craintes d’une escalade des violences et d’une régionalisation du conflit se font jour.

La dernière offensive du M23, qui a rapidement pris le contrôle de Bukavu ce week-end, révèle une situation déjà précaire, marquée par l’occupation antérieure de Goma, au Nord-Kivu. Dans une réaction immédiate, le ministère congolais de la Communication a dénoncé les actions rwandaises, qualifiant ces événements d’« occupation, de pillages, de crimes et de violations des droits humains » en dépit des appels au cessez-le-feu lancés par la communauté internationale.

« Contrairement aux résolutions de Dar-Es-Salaam, le Rwanda s’entête dans son dessin destructeur », a affirmé le gouvernement congolais sur son compte X, faisant allusion à un sommet extraordinaire qui a eu lieu en Tanzanie les 7 et 8 février dernier, où des solutions avaient été discutées pour apaiser les tensions.

Le secrétaire général des Nations unies a également exprimé son inquiétude, évoquant un risque croissant de régionalisation du conflit, notamment en raison du rapprochement perceptible entre le Burundi et le Rwanda dans le contexte de cette crise. Le Burundi, qui a dépêché des troupes aux côtés des forces congolaises contre le M23, ajoute une dynamisme supplémentaire à une situation géopolitique déjà complexe.

Parallèlement, des menaces ont été proférées par des acteurs régionaux. Le chef de l’armée ougandaise a mis en garde sur d’éventuelles opérations à Bunia, dans la province de l’Ituri, alors que l’armée ougandaise est activement impliquée dans des opérations contre le groupe armé ADF dans l’est de la RDC.

Les voix s’élèvent de plus en plus pour demander une intervention internationale et une prise de responsabilité de l’Union africaine, qui, bien que consciente de la crise, évite de nommer le Rwanda comme acteur principal de la déstabilisation. Le commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA a simplement appelé à un « retrait immédiat du M23 et de ses partisans », sans évoquer directement Kigali, malgré les preuves solides de soutien rwandais à la rébellion.

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