Le procès d’une quarantaine de personnes, dont sept figures politiques influentes, accusées de complot contre la sûreté de l’État, s’ouvre ce mardi à Tunis. Ce dossier, qui cristallise les tensions politiques, oppose fermement l’opposition au président Kaïs Saïed.
Les prévenus, parmi lesquels des responsables de partis, des avocats et des personnalités médiatiques issus de divers courants politiques, sont incarcérés depuis près de deux ans. Ils sont notamment accusés de collusion avec un homme d’affaires tunisien, Kamel Eltaief, et d’avoir entretenu des échanges « suspects » avec des chancelleries étrangères. Les détails de ce présumé complot restent flous, reposant principalement sur les témoignages de trois personnes anonymes. L’accusation met en avant des communications suspectes mais n’a pas rendu public la nature de ces échanges.
Pour Jaouhar Ben Mbarek, juriste et prévenu, le procès est une « mascarade judiciaire ». Dans une lettre adressée à la population tunisienne, il accuse le pouvoir de manipulations et d’une volonté de faire passer des opposants pour des criminels. Il comparîtra, comme ses codétenus, en visioconférence.
Parmi les personnalités clés impliquées dans ce dossier figurent Khayem Turki, homme politique ; Abdlehamid Jelassi, membre du parti islamiste Ennahda ; Ghazi Chaouachi, ancien député et secrétaire général du parti de Gauche le Courant démocrate ; Issam Chebbi, leader du parti Al Joumhouri; Ridha Belhaj, avocat et membre du parti Nidaa Tounes ; ainsi que Chaima Issa, une activiste et Lazar Akremi, avocat, qui comparaîtront en liberté.
L’affaire suscite une vive controverse. Les défenseurs des accusés dénoncent un dossier « vide » et un parti-pris du pouvoir. Une véritable « guerre médiatique » s’est engagée ces derniers jours. Alors que les avocats multiplient les interventions médiatiques, certains médias proches du pouvoir ont diffusé des reportages et des analyses qui renforcent la version gouvernementale, présentant, par exemple, des documents compromettants présumés. La crédibilité de ces sources reste à examiner. Les réactions de l’opposition sont virulentes, accusant le pouvoir d’une propagande malveillante.