L’ouest du Mali est devenu en quelques années un nouveau foyer de l’insurrection jihadiste au Sahel. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim), affilié à al-Qaïda, y multiplie les attaques à un rythme jugé « exponentiel », selon un rapport publié ce lundi par le Timbuktu Institute, basé à Dakar. Cette montée en puissance inquiète au plus haut point les voisins sénégalais et mauritaniens.

Selon les données compilées par l’ONG Acled et analysées dans le rapport, les attaques dans la région de Kayes, frontalière des deux pays, ont été multipliées par sept entre 2021 et 2024. Ambuscades, engins explosifs improvisés, assassinats ciblés : les jihadistes frappent principalement les forces de sécurité maliennes, mais aussi certaines figures religieuses locales jugées trop proches du pouvoir, à l’image du prêcheur Thierno Hady Tall, visé en décembre dernier.

Derrière cette poussée jihadiste se dessine une stratégie claire, estiment les chercheurs : isoler Bamako de sa principale voie d’approvisionnement, la route qui relie la capitale à Kayes, au Sénégal et à la Mauritanie. Ce corridor économique vital pourrait être coupé à moyen terme, accentuant l’étau autour de la capitale malienne déjà sous pression au centre et au nord.

Le rapport souligne aussi l’expansion des prêches extrémistes et la mise en place de systèmes informels de taxation dans les zones rurales. Des méthodes largement éprouvées dans le centre du pays, désormais appliquées à l’ouest.

Au-delà des attaques armées, le Jnim étend aussi son emprise par les circuits économiques. Il est désormais impliqué dans le trafic de bétail et de bois entre le Mali, la Mauritanie et le Sénégal. Cette infiltration discrète permet au groupe de générer des revenus tout en posant les bases d’une implantation régionale. Des commerçants locaux seraient « contraints de collaborer indirectement » avec les jihadistes pour continuer leurs activités.

Si le groupe n’a pour l’instant ni base ni administration en territoire sénégalais ou mauritanien, les chercheurs mettent en garde contre un risque croissant de recrutement dans ces pays, en exploitant le chômage des jeunes ou les tensions sociales. « Les tentatives sont encore infructueuses, mais elles existent », note le rapport.

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